Issoire semble être née pour prendre sous son aile un vivier d’experts en aéronautique. Devenu au fil des années un bassin technologique de pointe, cet ancien bourg agricole s’est ainsi vu pousser des ailes dès 1914. Des Forges d’Aubert & Duval, au centre de recherche d’Issoire Aviation, la sous-préfecture du Puy-de-Dôme a toujours eu le vent dans le dos, bien que de face ce soit plus pratique pour décoller…
Wassmer Aviation a été créée en 1905 par Benjamin Wassmer. Cette entreprise de modelage est vite devenue experte en fabrication d’hélices et parallèlement, elle créé l’AVIA152A en 1942, le premier planeur d’école. Sa fabrication s’est faite à Issoire, car à l’approche de la Première Guerre Mondiale, Issoire se situait dans une zone éloignée du front et dans un espace naturel particulièrement riche en noyers. C’est également pour honorer sereinement un marché de 10.000 pièces, que Wassmer Aviation a choisi Issoire comme centre de production. La petite bourgade auvergnate prend alors du galon et ne cessera de profiter d’ascendants pour gravir les échelons dans le milieu aéronautique.
Après les hélices, Wassmer se lance dans la maintenance des avions et des planeurs des Sections d’Aviation Populaire (SAP) et embraye sur la construction d’engins volants toujours plus haut de gamme. Issoire acquiert alors une renommée mondiale grâce à la sortie de machines ultra-performantes.
Forgeal et la Société centrale d’alliages légers (Scal) s’implantent à Issoire, toutes les deux séduites par la localisation et la robustesse du sous-sol, élément essentiel pour accueillir des forges et des laminoirs. Spécialisées dans les alliages haut de gamme, ces deux entreprises flottent encore aujourd’hui, mais sous le pavillon d’Aubert & Duval et de Constellium. Elles accompagnent les plus grands programmes aéronautiques mondiaux.
Tout en continuant de servir les chevaliers du ciel, son petit aérodrome attire très vite les amateurs de vol à voile, activité en plein développement après la Seconde Guerre mondiale. De grands pilotes instructeurs, comme Pierre Herbaud, s’investissent, ce qui vaudra d’ailleurs à cet aérodrome d’être baptisé « Aéro-club Pierre Herbaud d’Issoire – Le Broc ». C’est ici même à Issoire, en 1961, que le record mondial d’altitude en planeur biplace est battu, soit une altitude atteinte de 8.571 mètres.
La crise de l’aviation légère sonne le glas de Wassmer Aviation, mais aussi le lancement d’Issoire Aviation, sous l’impulsion de l’un de ses ingénieurs, Philippe Moniot. C’est alors l’aire du « Tout Carbone » qui s’enclenche, avec la construction des premiers avions « tout carbone » certifiés au monde. Désormais sous l’aile de Rexiaa Group, Issoire-Aviation poursuit son ascension dans la conception, la fabrication et la commercialisation d’une gamme d’avions légers qui côtoient les plus grands noms de l’aéronautique au Salon du Bourget.
À partir de 1955, Issoire Aviation ne cesse de développer son savoir-faire et ses compétences dans le domaine des composites hautes performances, dans la sous-traitance pour les grands donneurs d’ordre de l’aéronautique civile et militaire et au profit du Programme « Lionceau » (conception et fabrication des premiers avions « tout carbone » certifiés au monde avec le APM 20, 30 et 40).
En 2010, Issoire Aviation – devenue entre-temps une des filiales de Rex Composites – gravite désormais autour du projet Rexiaa Group.
Avec plus de 130 salariés et un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros, Issoire Aviation apporte des solutions complètes aux problématiques industrielles. L’entreprise est soutenue par le savoir-faire de femmes et d’hommes passionnés qui composent son équipe. Grâce à la transmission des compétences, à la formation interne et à une réactivité à la hauteur de leur capacité d’innovation, elle est particulièrement performante. Huit sociétés composent à présent Rexiaa Group : Lusina, Rexiaa, MCP, Issoire Aviation, 2CA, Don Foster, AirTM. Le groupe travaille pour Airbus, Dassault, Safran, MBDA (Missiles), DGA (Alpha Jet, Mirage).
Par Soucis de l’environnement, les procédés de fabrication d’Issoire Aviation sont conformes à la norme « Reach ». La réduction des consommations et des nuisances sonores de l’appareil a été au cœur de cette démarche. Enfin, un banc d’essai complet pour la structure du SIMBA (avion léger entièrement composite) a permis d’effectuer des cycles de vieillissement accélérés. L’objectif est de doubler la durée de vie de l’appareil.
Savez-vous que le record du monde de distance en planeur est de 1700 kilomètres ? Lors de ma visite chez les Planeurs du Velay, j’ai appris également que parfois, certains de leurs pilotes décollaient du Puy pour atterrir à Issoire. Alors en reportage chez eux dans le cadre de la réalisation du Guide touristique « 100 lieux pour les curieux – Haute-Loire » aux Éditions Christine Bonneton, j’ai pris quelques clichés, dont ce planeur en plein vol que j’ai détouré et intégré dans un panorama pris au sommet du Pic du Brionnet, près d’Issoire, dans la merveilleuse Vallée de la Couze.
C’est d’ailleurs auprès des Planeurs du Velay que j’ai réalisé mon baptême, sous l’œil expérimenté d’Yvan, pilote de cet aéro-club. J’ai ainsi eu le privilège de vivre le rêve d’Icare, voler tel un milan, prendre les vents favorables et rechercher en permanence les ascendants dans un silence total. Après cette expérience incroyable, j’invite mes lecteurs à leur rendre visite en Haute-Loire. Pour les Puydomois, vous n’aurez pas meilleur endroit pour planer, qu’à l’aérodrome d’Issoire – Le Broc, lieu du prestigieux événement « Ailes et Volcans ».
