Indissociables d’Aveiro, les Moliceiros sont les bateaux traditionnels d’ici. Ils étaient utilisés autrefois pour la récolte d’un mélange d’algues, excellents engrais pour l’agriculture locale. De nos jours, ils servent à promener les touristes sur les canaux qui quadrillent la ville, un peu comme à Venise, d’où le surnom de la ville : la petite Venise. Ils sont tous ornés de décorations qui se sont imprimés dans le patrimoine culturel, au point de devenir des symboles de la région d’Aveiro. Si l’apogée des Moliceiros se situe à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, leur déclin – à partir de 1960 – est incontestablement dû au recours aux engrais chimiques, ainsi qu’à l’exode rurale et à l’immigration.
Construits en pin sylvestre ou en pin parasol par des chantiers situés dans des communes de la Ria de Aveiro, ils possèdent une forme typique en demi-lune. On retrouve d’ailleurs cette forme dans la gondole vénitienne, le bateau viking ou encore les pirogues du Sénégal. Caractérisés par un fond plat à faible tirant d’eau, le Moliceiro est adapté aux eaux peu profondes d’Aveiro. S’ils étaient auparavant équipés d’un mât et d’une voile, ils ne le sont plus aujourd’hui, désormais propulsés par un moteur hors-bord. Leur mât initial a été supprimé pour franchir les ponts, particulièrement bas en effet. La proue a parfois même été amputée à son extrémité pour la même raison.
Les thèmes qui décorent les Moliceiros se réfèrent à la vie locale, à la récolte de la molice, à des sujets religieux, à des préoccupations idéologiques ou politiques, mais aussi à des allusions grivoises ou érotiques, ce qui correspond visiblement aux attentes des touristes qui y trouvent un côté populaire et authentique, alors que ce type de thème était plutôt anecdotique à l’époque.
Les histoires racontées sont donc tantôt sérieuses, tantôt romancées ou humoristiques, avec souvent un double sens peu accessible aux touristes. Se balader en Moliceiro reste un pèlerinage à faire à Aveiro, une activité insolite et romantique à souhait…
Aveiro et ses maisons rayées et colorées
Aveiro a un côté horizontal avec ses Moliceiros qui voguent dans la ville et un côté vertical avec ses maisons colorées de la Costa Nova. Toutes en verticalité, ses charmantes maisons de poupées contribuent également à la notoriété d’Aveiro, dressant la ville vers le haut, touchant notre sensibilité d’enfant et alimentant nos envies d’insolite.
Pourtant, les rayures n’ont pas toujours été bien vues dans l’histoire. Jusqu’à la Renaissance, les rayures étaient horizontales. Elles habillaient les marginaux : jongleurs, musiciens, lépreux, bohémiens, bouffons, bourreaux, prostituées, condamnés ou encore hérétiques. Cette ségrégation vestimentaire a résisté jusqu’au XXe siècle comme le montre les costumes rayés des mafieux mais aussi les pyjamas rayés des prisonniers ou des déportés des camps de la mort. Soutenue par la Révolution Française, la rayure devient plus populaire et synonyme de prestige. Elle atteint ses premières heures de gloire après la campagne d’Egypte de Bonaparte. La légende raconte que les 21 rayures réglementaires de la marinière représenteraient les 21 victoires de l’empereur. La rayure orientale devient à la mode et orne les vêtements mais également les intérieurs.
Le développement des stations balnéaires au XIXe siècle – on y vient à la Costa Nova – élève la rayure au titre de bon chic bon genre étroitement liée à l’océan. L’Europe, qui découvre les bains de mers, emprunte la rayure maritime et la transpose du grand large au littoral. Les tissus rayés, les costumes de bain et les toiles de tente n’échappent pas à cette vague en vogue. Depuis, la mode est ancrée, si je puis dire, à l’univers balnéaire.
La Costa Nova d’Aveiro a surfé à fond sur cette tendance depuis 1930, au point d’en décorer toute une lignée de maisons de pêcheurs sur la Costa do Prado, anciennement maisons de pêcheurs. Aujourd’hui, ce sont de belles villas très souvent dédiées à la location touristique. Face à la Ria d’Aveiro, le long de l’avenue José Estevão, un mur de rayures qui se juxtaposent, alternant les jaunes, les rouges, les bleues ou encore les vertes. À l’origine, elles étaient dans des tons ocres, rouges ou noirs. Cette destination est sans nul doute celle à ne pas rayer de votre RoadTrip Portugal !
Les marais salants
Le charme d’Aveiro ne manque pas de sel ! Ces marais salants font partie du paysage, des traditions et du patrimoine local. Drainée par de multiples canaux et filets d’eau, l’eau de mer vient doucement couler dans d’immenses piscines quadrillées en petits carreaux, dont chacun d’entre-eux forme un bassin. C’est dans ces carreaux qu’est récolté les cristaux de sel obtenus par l’évaporation de l’eau de mer, sous l’action combinée du soleil et du vent.
À la sortie de la ville, l’un d’entre eux (très connu), est appelé l’écomusée. Il est un bon point de départ pour s’immerger dans le métier de paludier. Ces paysans – ascendants magiciens – transforment une goutte d’eau en un grain de sel, véritable pépite pour l’économie portugaise. Cet espace est encore en service et l’on peut vite se rendre compte de la pénibilité du labeur quand les producteurs (et productrices) sont en plein travail. Vider la brouette au sommet d’une montagne de sel est par exemple un spectacle impressionnant qui demande force et équilibre. La personne doit en effet pousser sa brouette tout en haut en passant sur une planche en bois particulièrement étroite et en prenant de l’élan bien sûr. Il est évident que si je devais tenter l’expérience, la brouette passerait par-dessus bord, et moi avec. Mais avant de stocker le sel, il faut le ramasser. Le paludier s’équipe alors d’un grand râteau, appelé « las », dont le manche fait environ 5 mètres de long. Patience et effort physique sont là encore incontournables.
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Autre exclusivité de ce guide touristique, ce sont des portraits de Franco-Portugais. L’auteur en a rencontré dix, les a interviewé, puis pris en photo. Émotions, souvenirs personnels et anecdotes croustillantes vont vous permettre de mieux comprendre l’attachement que ces Frantugais – petit clin d’œil à mon ami José Cruz – ont depuis toujours avec leurs racines.
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