Voici l’histoire de l’une des rues les plus emblématiques et commerçantes de la Capitale Auvergnate. Une soixantaine de vitrines sur 250 mètres de long s’étendent le long de ce dénivelé qui débute en gros à la Bijouterie Fustier. Dans le sens de la montée, les portes de la Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption nous sourient, tandis que progressivement, derrière nous, le Puy-de-Dôme se dévoile et montre son nez.
La Rue des Gras était jadis surnommée la Rue des marchands drapiers, alors qu’elle portait le nom de « Carriera magna graduum » ou de « Rue des degrés », souvenir des trente marches d’escalier qu’il fallait gravir pour arriver à l’esplanade des Gras, autour de laquelle se tint pendant plusieurs siècles le marché́ le plus animé de la ville.
Au temps du Directoire, un cabaret célèbre fit la réputation de la rue des Gras. C’était Ie Cabaret d’Austremoine dont l’entrée principale, d’allure honnête, donnait sur la Rue des Gras, et l’entrée clandestine, sur la Rue des Petits-Gras. On s’y rendait après les représentations du théâtre, situé alors sur l’emplacement de l’actuelle Chambre des Notaires, rue Thomas.
Au rez-de-chaussée de ce cabaret, écrit un aimable historiographe de Clermont, se trouvait une salle assez vaste meublée de quatre tables de chêne, d’escabeaux fort simples, de vingt lampes à huile, d’une bibliothèque renfermant des livres érotiques, de tableaux (de mauvaises copies de Boucher et de Watteau) et sur la cheminée, s’élevaient Ia statue de l’athéisme et les bustes de Diderot et de Voltaire. À l’entresol, où l’on aboutissait par un escalier en colimaçon, étaient sept petites pièces que nous nommerions aujourd’hui cabinets particuliers…
On y buvait du Volnay à trente livres la bouteille et du vin d’Aubière à quatre sous le gobelet. On y riait, on y chantait, on y dansait. Aux parfums ambrés et musqués qui se dégageaient de cette cohue, s’ajoutaient les odeurs de boudins noirs et de saucisses grassouillettes.
On trouvait encore Rue des Gras, Ia Maison Belon, spécialisée dans les ouvrages mécaniques, Ie déballage au prix fixe (déjà) du sieur La Montagne, les ateliers du peintre en miniature J.-B. Florent et du Peintre « à la ressemblance » Bondoux, et l’entrepôt de tabac des Frères Moynat. Les professions, dites
Iibérales, étaient représentées par le médecin Dulac, le chirurgien-dentiste Reboul et Ie docteur en médecine Pénissat, alors pharmacien en chef des hôpitaux de Clermont.
Trente ans plus tard, sous la Monarchie de Juillet, on constate la présence de nouvelles activités : les magasins de « nouveautés et broderies » de Sauret frères, Léon Vidal et Veuve Dubois et Dessaignes, de draperie et rouennerie de Fontaine, de cristaux et porcelaines Gaumet-Battu. On y verra également le quincaillier-mercier Roux, le libraire Bonnefoy, les banquiers Jusserand-Charles et Lerat, Ie pharmacien Chopart. Là aussi, l’agréé au Tribunal de Commerce Bagès cumule ses fonctions avec celle d’agent de la Compagnie d’assurances « Le Phénix » contre l’incendie, et des fabricants de chocolats Manlliot et Favard tiennent à Ia disposition des amateurs un dépôt permanent et un choix d’huitres de Cancale.
Plus près de nous, Ia Rue des Gras fut illustrée par des générations de marchands lorains qui, Ies jours de grandes foires clermontoises, lui donnèrent – et lui donnent encore, quoiqu’avec moins d’entrain que naguère – cette étonnante activité qui fait d’elle pendant quelques heures, le point d’attraction par excellence des ménagères avisées et des badauds en quête de pittoresque.
C’est à Aimé Coulaudon (1906-1968), notable clermontois, avocat, conteur et épicurien patenté – également fondateur des Compagnons du Bousset d’Auvergne – que l’on doit en 1957, la création de l’association du « Vieux Clermont » et, deux ans plus tard, de la revue « Vieux Clermont ».
Celle-ci s’est éteinte en 1968, en même temps que son fondateur. C’est sur les fonts baptismaux de cette même structure, qu’elle renaîtra plusieurs dizaines d’années après ce funeste numéro 34, lequel devra attendre le changement de millénaire pour connaître un successeur et donc, le numéro 35. La périodicité est aujourd’hui annuelle.
Au fait, pourquoi s’appelle-t-elle la Rue des Gras ?
Les petites marches distribuées sur le haut de la rue ont toujours existé. Or, « Gradus », en latin, veut dire « escalier », d’où l’extension « Gradin » d’ailleurs. C’est donc à ses marches du niveau supérieur, que la Rue des Gras doit son nom.
Le saviez-vous ?
La Rue des Degrés est aussi la plus petite rue de Paris. Dans le quartier Bonne Nouvelle, au cœur du Sentier, elle a jeté ses quatorze marches de la rue Beauregard vers le 87 de la rue de Cléry. Cette rue-escalier aménagée après la démolition de l’enceinte Charles V vers 1634 mesure à peine 3,30 mètres de large et 5,75 mètres de long – 6 mètres selon la base de données de la Ville de Paris – ce qui en fait la plus courte de la Capitale. Longée par des façades aveugles, portes et fenêtres encore suggérées ayant été murées, la rue des Degrés possède le charme pittoresque des curiosités architecturales et topographiques auxquelles seule l’histoire secrète de la ville peut donner sens.
Lors de son passage à Clermont, en Août 1805, le jeune François-René de Chateaubriand laissa un témoignage très vivant sur les qualités architecturales de la cathédrale, notamment la finesse de son élévation :
La voûte en ogive de la cathédrale de Clermont est soutenue par des piliers si déliés, qu’ils sont effrayants à l’œil : c’est à croire que le voûte va fondre sur votre tête
François-René de Chateaubriand, Cinq jours à Clermont (1838)
Source : amisduvieuxclermont.monsite-orange.fr
Ci-dessous, quelques clichés de notre belle ville et une petite visite en Tram…
Marc Nevoux a parcouru tout le département du Puy-de-Dôme à la recherche de lieux pour les curieux. Il en a fait un Guide Touristique édité par la Maison d’édition Christine Bonneton sous la collection « 100 lieux pour les curieux ». Vous pouvez acheter ce guide directement chez l’éditeur, en ligne ou dans les librairies indépendantes. L’affiche augmentée correspondante au à la rue des degrés est en vente sur ce site. Cliquez sur le lien ci-dessous pour accéder à la fiche produit. Il s’agit d’un Poster déco au format 50×70 cm qui comporte un QR Code. Ce QR Code renvoie sur cet article. Une façon originale de décorer votre intérieure en y ajoutant une note culturelle qui ne manquera pas de surprendre toute la famille et vos amis.
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